Comment protéger les femmes dans les résidences pour personnes âgées?
Protéger les femmes dans les résidences pour personnes âgées
Dernièrement, la mère d’une amie, à 86 ans, a été victime d’un viol et ce par un résident de sa maison de retraite. La victime et la famille sont en désarroi. Et moi, je suis bouleversée et en outrée. J’ai été scandalisée d’apprendre que le monsieur en question, le résidant, sera réprimandé. Oui, une simple petite tape sur la main, car on considère qu’il est un peu confus! Encore une fois, les femmes sont en situation de vulnérabilité, alors que cette étape de vie devrait être la plus sécuritaire.
«Malheureusement, les abus sexuels sur les personnes âgées sont mal compris et font l’objet de peu de recherches. Les personnes âgées victimes d’abus sexuels ont souvent des problèmes médicaux qui entraînent des difficultés de communication, de confusion ou une perte de mémoire, ce qui entrave la capacité de l’aîné à signaler son abus..» source 7 millions de mousquetaires.ca.
Voici quelques faits *1:
· Chez les gens âgés, les victimes ont en moyenne 82 ans et sont des femmes dans une proportion de 71%.
· Bien qu’une loi oblige les institutions à se doter d’une politique de lutte contre la maltraitance, 66% d’entre elles l’ont faits, dont 88% au public et 56% au privé.
· 866 cas de maltraitance dans les établissement de santé ont été dénoncés dans la dernière année au Québec.
· Les mesures de prévention inscrites à la loi doivent être révisés d’ici 2021.
Les femmes âgées se retrouvent fréquemment isolées, craintives, sous l’invective et la manipulation des abuseurs, dans la honte, la culpabilité ou la peur de représailles, comme l’arrêt de soins. Beaucoup d’entre elles disent ne pas vouloir prendre le risque de ne pas être crues, alors que plusieurs autres vivent avec des troubles cognitifs, ce qui les mettent doublement à risque de violences répétées. Et comme je le mentionnais ci-haut, de voir avec stupeur, leur agresseur gronder, sans plus.
*2 Au Canada, en 2018, 28 700 plaintes pour agressions sexuelles ont été rapportées aux corps policiers, tous âges confondus. Une hausse de 15% par rapport à l’année précédente et on estime le taux de dénonciation à 5%.
Comment allons-nous faire pour contrer les abus sexuels, physiques et psychologiques dans les nouvelles habitations pour aînés, annoncées par la ministre Marguerite Blais cette semaine? Et dans tous les autres centres de santé où habitent les aînés et pour les femmes tout particulièrement? La qualité de vie, je veux bien, mais la sécurité doit y être prioritaire.
Malheureusement, quand on entre dans ces maisons d’hébergement, c’est pour en sortir les pieds devant. Serons-nous capable comme société, de bannir les actes de négligences et de manipulation qui font régner l’insécurité et la détresse physiques, psychologiques et matérielles envers les aînés? *3 Stéphane Bordeleau rapporte que la population âgée de 65 ans et plus passerait d'environ 1,5 million d'individus en 2016 à plus de 2,7 millions en 2066. Les centenaires, qui étaient environ 2000 au Québec en 2016, devraient quant à eux être environ 45 000 en 2066.
Radio-Canada nous montrait hier, une initiative auprès des occupants de la résidence pour retraités Chartwell Belvédères, à Lachine, qui ont été au coeur d'une première, quand ils ont mis à l'essai une vidéo de réalité virtuelle qui vise à sensibiliser les personnes âgées et leur entourage à la maltraitance et à l'âgisme.
Il s'agit d'une initiative de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais. Le but est de permettre à des chercheurs de l'Université de Sherbrooke d'en savoir plus en plongeant les gens dans cette réalité bien quotidienne.
La précarité des aînés est a prévoir. Je me demande quelles réflexions accompagneront nos élus dans un réel engagement de sauvegarder l’intégrité des séniors? Doit-on réfléchir à séparer les hommes et les femmes, comme à l’époque des collèges privés non mixtes? Comment la technologie peut venir en aide à ce fléau sans trop d’intrusion à la vie privée? Par des puces, des bracelets, des moniteurs, des zones de sécurisation…
Devrons-nous réinventer la ceinture de chasteté, pour protéger les femmes âgées vivant en établissements? Pourrons-nous garantir à toutes personnes, la dignité et la paix d’esprit, dans nos belles nouvelles résidences lumineuses et modernisées?
Christiane Berthiaume, Communicatrice du style de vie des 50 +
*1 Tommy Chouinard, La Presse, publié le 14 octobre 2019
*2 Statistiques Canada, publié en 2018
*3 Stéphane Bordeleau, Radio-Canada Société, publié le 11 juillet 2019
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