Qui sont les « quinquados »?

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Non, ce n’est pas un recette mexicaine de Ricardo, ou une série d’îles dans le pacifique.. « Quinquados », est la contraction de « quinquagénaires » et « adolescents ». Cette génération née dans les années 60-70.  Présente!  Mon groupe, plutôt important, a plus peur de mûrir trop vite comme un vieux pruneau, que de mourir.

Si j’y pense bien, depuis mon fameux 50, j’ai comme un besoin impératif de bouger, de reprendre des cours de perfectionnement en art, de recréer des rencontres fréquentes entre amis ou d’être séduite sur une piste de danse, au son de bonnes vieilles tounes des années 80’s… Bref il me prend l’envie de ré-imaginer mon futur, qui s’annonce presque certain, car il est prédit selon mon passé, mes croyances et la prudence qui évoque le statu quo.

Plusieurs personnes de mon âge, affirment vouloir réinventer leur présent et de vivre passionnément.  Après 50 ans, nous sentons la nécessité de reprogrammer les circuits du cerveau qui nous font retomber dans nos habitudes, dans la facilité et le terrible connu routinier ou de convention.  

En ce sens, cette transition a tout d'une « seconde adolescence », moins le toupet statique de spray net, les épaulettes surdimensionnées et les talons aiguilles.  Quoique qu’une relique de mes 14 ans, le coton ouaté, s’est frayé une récente place dans ma garde-robe! Et sincèrement, quand je le porte, il y a un état de jeunesse qui s’empare de moi.  Et Dieu que ça me ramène aux années où je voulais changer et conquérir le monde!  Cléopâtre, de la boutique « Au coton », sort de ce corps… 

Le sociologue Serge Guérin est rassurant sur l’effet « teen-ager », des 50 ans +, car il énonce : « ils ne sont pas l'éternel adolescent devenu un peu pathétique, mais bien dans une véritable réévaluation de ce qu'est l'âge et de ce qu'il implique...» 

Nous sommes des mamies en jeans skinny ou des papys à casquette sportive, très branchés sur les nouvelles technologies.  Et investis d’une mission : vivre sans contrainte et sans routine.  Plutôt ado n’est-ce pas!  Perso, j’ai le sentiment de ne pas avoir changé dans ma tête.  J'ai même l'impression de rajeunir...oups!

Souvent, vers la cinquantaine, arrivent des tournants de vie majeurs.  Les enfants quittent le nid, nous vivons la mort d’un parent, la maladie, sans oublier le célibat, phénomène grandissant des séparations après 25 ans de vie commune.  C’est une rupture brusque avec le concept que nous existons pour et dans le regard des autres. Et ça frappe sans gêne et sans considération.  

Maintenant que nous ne pouvons plus nous définir, par exemple,  comme conjoint ou mère, le « ok ça va faire! », se manifeste. On se remet en questions.  Qui suis-je? À quoi ai-je renoncer? À quoi j’aspire? Quels étaient mes rêves, maintenant que j’ai plus de temps à y consacrer?  En fait, la vie est bien faite, car c’est un moment où on est plus sage, non?  Du moins, susceptibles d’être plus ouverts à prendre des détours inimaginables que nous n’aurions probablement pas entrepris dans notre vie active et organisée au quart de tour, durant nos jeunes années.

Le syndrome du « j’aurais voulu être un artiste » refait surface et n’est en fait que le besoin de revisiter ses talents, ses aspirations, ses buts et ses intérêts. Car l’énergie y est encore et l’urgence de vivre semble plus présente. 

Pour n’en nommer que quelque uns, voici des personnalités qui ont accompli leur passion sur le tard :

  • Charles Darwin a publié : « l’origine des espèces » en 1859, alors qu’il avait 50 ans.  Assez cool de bouleverser notre vision du monde à cet âge!

  • Julia Child, cheffe cuisinière, connaît son succès par la télévision à l’aube de ses 50 ans et a même inspiré un film merveilleusement interprété par Merryl Streep.

  • Susan Boyle avait 48 ans lorsqu’elle fut découverte pour sa voix incroyable dans l’émission Britain’s Got Talent.  Même son look a bouleversé tous les standards de l’industrie de la musique!

Car, rendu à 50 ans +, ça serait le temps d’être décomplexé.  Pour aborder le reste de sa vie avec un nouvel état d’esprit, plus optimiste, plus détaché des résultats que l’on s’impose.  Et combattre le besoin de répondre aux normes sociétales épuisantes, de la réussite ou de l’échec. 

En discutant sur le sens de la vie après 50 ans avec une amie, elle m’a fait part d’une lecture, de Clayton Christensen, « How will you measure your life ». Extraordinaire synchronicité, tout à fait à point dans ma réflexion sur l’importance de créer un canevas vide pour le futur, comme un espace libre et inventif.

Le regretté Clayton Christensen, brillant économiste, diplômé de l’université de Harvard, est un penseur influent et innovant.  La base de ses théories et de ses études philosophiques reposent sur la présomption que nos vies comme nos entreprises, survivent mieux par l’adaptation ( saisir les occasions ) que dans la planification rigoureuse et calculée.

Comme pour notre couple ou notre vie de famille, nous devrions considérer que les résultats de nos aspirations se calculent premièrement; dans le temps et deuxièmement, sans plan fixe.  Qui peut prédire comment notre vie familiale se déroulera, à la signature du « oui je le veux »? On observe que ceux qui planifient leur vie avec rigidité, sont plus souvent qu’autrement, déçus et anxieux.  

Mais, la pensée de masse, que la vie doit être ceci et non cela, nous engloutie pratiquement tous à un moment donné ou un autre.  On entre dans la danse de la conformité. Pourtant, nous vivons dans un monde de changement extrêmement rapide, nous savons que nous ne pouvons plus nous baser sur des succès antérieurs comme marqueurs de vérité.

En pensant « en dehors de la boîte », nous laissons la place à toutes idées originales. Nous nous donnons la permission de laisser la vie guider nos actions, dans l’acceptation de perte de contrôle bienfaisante. Briser la convenance qu’un plan conçu « A puis B, puis C » est sécure. Une vie heureuse et nourrissante, se bâtie aussi, si elle commence par « Z puis A, puis C. »  

Voici comment l’économiste fait ses comparaisons entre vivre sa vie et gérer une organisation professionnelle.  Alors que la plupart des compagnies, tout comme la plupart des individus, s’entêtent plutôt à marcher dans des chemins invariables et préétablis, ils y perdent ainsi des opportunités. Ceux qui risquent la voie inhabituelle, et qui saisissent les erreurs de parcours, tout comme les circonstances improbables, font fortune sur leurs insuccès. 

Nous connaissons tous une histoire d’une rencontre amoureuse improbable à la suite d’un accrochage dans la circulation ou d’un emploi déniché parce qu’une personne a discuté avec un inconnu durant un vol d’avion. Des hasards qui font bien les choses, comme on dirait.

Au professionnel, par exemple : la découverte du Viagra, initialement destiné au traitement de maladies cardiovasculaires a rendu multimillionnaires, les compagnies qui ont saisi la pertinence d’investir dans ce faux pas. Ou comment la compagnie Honda a créer sa niche, suite à un échec retentissant et coûteux, après avoir voulu compétitionner la marque Harley Davidson, tatouée sur le cœur des motocyclistes.

Notre conditionnement à aspirer au prévisible et à avoir des résultats tangibles et immédiats, est lourd de conséquences sur nos vies.  Bien malgré nous, la société, est ainsi faite, nous avons la fâcheuse tendance à nous mesurer à ceux qui réussissent selon des standards spécifiques.  

Nous avons inventé des modèles et des idéaux à atteindre.  Et bien qu’ils ne soient pas garants d’excellence et plutôt irréalistes, ils demeurent convaincants. Puis, ils surchargent les esprits et alimentent les conflits. On se juge moins bons, moins talentueux, moins ambitieux, donc nécessairement moins heureux que ceux qu’on observent, tout en haut de la pyramide de la vie, bien en minorité.

« C’est impératif de se rappeler que nous ne serons pas juger par des comptables ou des statisticiens qui tiendront des comptes de nos avoirs ou de notre prestige, en quittant ce bas monde.  Mais probablement que nous serons questionnés sur le bien ou le bon que nous avons distribués autour de nous, par nos talents ou notre évolution personnelle », complète Clayton Christensen.

Donc,  en tous temps, notre chemin peut se dérouler autrement.  Si les « quinquados » se sentent ouverts, pleins d'entrain, confrontés à un avenir et pas seulement à une fin et qu’ils refusent le train-train quotidien de la carrière, nous devons être conséquents.  

Pour réussir notre deuxième adolescence, les 50 +  ont avantage à considérer, de regarder la vie à partir de nouvelles lunettes. Peut-être vaudrait-il mieux d’approcher toute situation en se disant : si je n’avais jamais été dans cette position, quelle méthode inusitée pourrais-je tenter?  Seulement être là, sans aucune idée préconçue, aucune certitude, aucune prévision et parfaitement à l’aise de sonder l’inconnu.  

Notre parcours peut être hétéroclite, disparate et même discordant et parfait à la fois!  Pas parfait comme exemplaire, mais parfait comme; ce qu’il doit être pour progresser, pour nous transformer et nous permettre de nous accomplir avec contentement.

Je souhaite que l’on se permette de réussir à être en satisfaction avec notre vie et non seulement en dissatisfaction. Pourquoi pas, à tous âges en fait!

Source illustrations: Djamel Zémoura

 
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